Comment se réapproprier sa sexualité après un cancer du sein?
(Anne Borden King/ L’Actualité) — Le jour de mon opération, au printemps 2020, on m’a fait traverser une aile chirurgicale presque vide dans des pantoufles en papier, un sac en plastique contenant mes vêtements de ville à la main. Sachant que j’allais perdre toute maîtrise de mon destin pour plusieurs heures, j’ai éprouvé un étrange sentiment de sérénité.
Ce sentiment m’a accompagnée tout au long de la chimiothérapie, de la radiothérapie et d’une nouvelle intervention chirurgicale, même en pleine pandémie. Après tout, les t-shirts, tasses et autres articles qui encouragent les femmes comme moi à « rester calmes et à continuer » ne manquent pas. Nous sommes de belles et audacieuses guerrières du cancer du sein, n’est-ce pas ?
Pourtant, un jour, à la fin des principaux traitements, je me suis rendu compte en me réveillant le matin que les interventions qui m’avaient maintenue en vie m’avaient aussi coûté une poitrine mutilée, un crâne chauve et un esprit oublieux (merci, la chimio). Je devais également faire face aux effets d’une ménopause artificielle visant à décourager la récidive de mon cancer hormonal. Mon oncologue m’a donné une ordonnance de 10 ans pour des inhibiteurs d’œstrogènes et m’a recommandé des injections de calcium pour éviter la fragilisation de mes os… qui me semblaient soudain très vieux. (…)